Tout a commencé le 16 février 2016.
C'était mon rendez-vous de suivi de grossesse de 36 semaines. Je
continuais d'avoir des contractions comme j'avais l'habitude d'en
avoir. J'avais simplement mal au dos et au ventre, ce qui n'était
pas inhabituel dans mon cas.
Tout semblait beau. Mes plaintes
semblaient normales. Bébé avait la tête en bas et son cœur
battait à 165. J'ai sursauté.
- 165? Je ne crois pas que ce soit
normal, j'ai lu que le rythme cardiaque diminuait vers la fin de la
grossesse. Je sais que je ne suis qu'à 36 semaines, mais quand
même...
- Je crois que c'est correct, m'a
répondu l'infirmière, mais je vais vérifier pour être certaine.
- Merci.
Après vérification, le cœur d'un
bébé à ce stade ne dépasse habituellement pas 160. L'infirmière
m'a donc fait une prescription pour un tracé cardiaque en me
précisant que ça n'était pas urgent et que c'était pour me
rassurer. J'ai demandé à Éric d'aller immédiatement à
Saint-François d'Assise qui devait être l'hôpital où je devais
accoucher. Pas question qu'il retourne travailler cet après-midi là!
Arrivée à l'hôpital, ils m'ont fait
attendre en voyant que mon cas n'était pas urgent et parce que
l'urgence obstétricale était bondée ce jour-là. Au bout de
quarante-cinq minutes, on me posait deux ceintures, une pour
surveiller les contractions et l'autre pour monitorer le cœur du
bébé.
- J'entends très bien le cœur de chaque bébé qui m'est confiée, m'a rassurée l'infirmière. S'il y a quoi que ce soit, je viens voir!
- J'entends très bien le cœur de chaque bébé qui m'est confiée, m'a rassurée l'infirmière. S'il y a quoi que ce soit, je viens voir!
Cinq minutes plus tard, le rythme
rapide et rythmé du cœur de mon bébé diminuait. L'infirmière est
venue me voir rapidement.
- Tu as eu une contraction, l'as-tu
sentie?- Non...
Au bout de dix minutes, j'en avais une
autre et le cœur du bébé redescendait. L'infirmière a jugé bon
d'avertir l'urgence obstétricale : mon cas semblait nécessiter
l'avis d'un médecin. Ce dernier m'a rassurée en disant que c'était
probablement le cordon qui subissait de légères pressions lorsque
j'avais des contractions. Je ne les sentais toujours pas... Mais
elles étaient aux 10 minutes. J'étais stressée, aussi le médecin
m'a rassurée :
- Ton cas ne m'inquiète pas, le cœur de ton bébé bat juste un peu plus rapidement et a de légères décélérations. Ça devrait se replacer... Nous allons essayer d'arrêter les contractions en t'hydratant avec un soluté.
- Ton cas ne m'inquiète pas, le cœur de ton bébé bat juste un peu plus rapidement et a de légères décélérations. Ça devrait se replacer... Nous allons essayer d'arrêter les contractions en t'hydratant avec un soluté.
J'ai été déplacée à l'urgence où
on continuait de surveiller mes contractions et le rythme cardiaque
de notre fille. Au bout d'une heure, le médecin est venu me voir et
m'a avoué que la santé du bébé était inquiétante. Son cœur
battait trop vite. Il fallait une échographie.
À l'échographie on m'a expliqué
qu'on surveillait 4 signes vitaux chez les bébés de cet âge et que
le résultat était sur 8. Emma ne bougeait pas et n'avait aucun
mouvement respiratoire non plus. Son résultat était de 4 sur 8. De
plus, sa chambre cardiaque à droite était dilatée. Le cœur
compensait peut-être, selon le médecin. Quoi qu'il en soit, il y
avait un problème et je devais être transférée au CHUL le plus
rapidement possible. Selon le médecin, un accouchement par voie
basse était peu probable, mon bébé serait trop épuisé à ce
rythme.
L'ambulance a foncé à travers la
ville. La neige, l'eau, la glace... Ce n'était pas la meilleure
journée pour circuler dans les rues de Québec, mais les
ambulanciers sont habitués. Nous sommes arrivés au CHUL vers 15 h
30. À 16 h, je passais une autre échographie où les médecins se
firent rassurants. Emma n'avait toujours aucun mouvement
respiratoire, mais elle avait légèrement bougé un pied. Elle se
méritait un score de 6 sur 8 cette fois! Par contre, il faudrait une
échographie cardiaque le lendemain pour savoir si une césarienne
s'imposait et si des spécialistes tels que des cardiologues devaient
être présents.
Le soir, on m'injectait un
antibiotique. Je commençais à sentir mes contractions, cette fois
aux 5 minutes. J'avais chaud, j'étais rouge, je ne me sentais pas
bien. J'ai fait une réaction allergique à l'antibiotique injecté.
Je ne comprenais pas pourquoi on m'en injectait un de toute façon,
je ne pourrais pas accoucher par voie basse, c'était utopique. Le
travail n'avançait pas malgré mes contractions plus douloureuses et
de plus en plus rapprochées. Finalement, on ne m'a pas redonné de
deuxième dose et on a dû me donner des comprimés pour stopper la
réaction allergique.
Le 17 février 2016 …
Le matin, j'étais enflée, mais je
n'étais plus rouge et je n'avais plus aussi chaud. Le rythme
cardiaque du bébé avait chuté à 100 lors d'une contraction, par
conséquent, on ne pouvait pas me retourner à la maison. J'étais
tannée qu'on veuille absolument me faire accoucher par voie basse
alors que c'était évident que ça n'allait pas. L'échographie
cardiaque a eu lieu vers 11 h. Elle a été longue et pénible (plus
d'une heure, j'ai l'impression!).
La cardiologue nous annonça ses deux
suppositions :
- Les veines pulmonaires avaient un problème, ce qui expliquait la dilatation de la chambre cardiaque. La solution était une chirurgie à cœur ouvert.
- L'aorte pouvait être à problème et il faudrait la garder ouverte à l'aide d'un tube. Cette opération nécessitait un suivi, mais avait de bonnes chances de réussites.
J'étais en fauteuil roulant, dans le
corridor, Éric près de moi et je me suis mise à pleurer. Ça
m'avait pris cinq ans à concevoir ce bébé, je ne voulais pas le
perdre!
Arrivée dans la chambre, un dîner
froid m'attendait. L'infirmière responsable de la salle
d'accouchement dans laquelle je me trouvais voulait me rebrancher
immédiatement. J'étais déprimée, frustrée, en larmes. Je lui ai
dit de me laisser tranquille.
Éric a appelé mes parents pour moi en
leur disant que nous avions besoin de soutien, puis il a décidé de
rentrer à la maison pour chercher des vêtements, nourrir les chats,
se laver et enfin avertir son travail qu'il ne pouvait pas rentrer...
Pendant son absence, le médecin de
garde est venue me voir et pendant qu'elle me répétait que je ne
pouvais pas partir tant que le rythme cardiaque du bébé diminuait
dangereusement à chaque contraction, j'ai eu une autre contraction.
Cette fois-ci, le cœur du bébé était à 60.
- On n'a pas le choix, il faut sortir ton bébé. Acceptes-tu la césarienne?
- On n'a pas le choix, il faut sortir ton bébé. Acceptes-tu la césarienne?
- Tout pour sauver mon bébé.
- Où est ton conjoint?
- Il est parti à la maison il y a 45 minutes...
- Appelle-le, je rassemble l'équipe nécessaire et j'appelle l'équipe de néonat. Ne t'inquiète pas, tout ira bien.
- Où est ton conjoint?
- Il est parti à la maison il y a 45 minutes...
- Appelle-le, je rassemble l'équipe nécessaire et j'appelle l'équipe de néonat. Ne t'inquiète pas, tout ira bien.
À 15 h 09, j'appelais Éric.
Cinq minutes plus tard, on m'emmenait
en civière jusqu'au bloc opératoire. Pendant qu'on me déshabillait
et qu'on m'injectait l’anesthésiant, on prit une dernière mesure
du cœur de bébé. Elle était toujours vivante, on pouvait
commencer!
Je ne vous raconte pas le déroulement
de la césarienne, car tout est flou. Je me souviens seulement que
j'étais nerveuse et je déblatérais sans arrêt. J'avais mal au
cœur. Mon dîner semblait sur le point de sortir... Mais à 15 h 37,
bébé était née.
Par-dessus le drap bleu parsemé de
taches de sang, j'ai vu le visage de ma fille qui avait déjà émis
son premier cri. Elle était vivante! Toute l'équipe s'esclaffa
lorsque j'ai crié émue, parce que je la trouvais trop belle, parce
que c'était un miracle et parce que je n'y croyais plus :
- C'est mon bébé! Oh mon dieu, c'est
mon bébé à moi!!?
Éric est arrivé 5 minutes plus tard.
Je lui ai dit d'aller voir notre fille et de la suivre aux soins
intensifs, car je ne pouvais pas y aller.
Les heures qui ont suivies ont été
longues et éprouvantes, car nous n'avions pas Emma avec nous dans la
chambre. Elle avait des examens à subir et était sous surveillance
aux soins intermédiaires. Quarante-huit heures plus tard, Bébé était
avec nous, dans notre chambre et nous empêchait de dormir en
pleurant. Les examens s'étaient révélés négatifs. C'était le début de la grande aventure!:)
P.S. Nous avons su après coup que Bébé avait le cordon très serré autour du cou, d'où les décélérations cardiaques. Comme quoi, en cas de doute, mieux vaut vérifier!!
Je suis super content qu'on ait eu notre bébé. J'aurais voulu être là à l'accouchement, mais j'ai préféré conduire prudemment. :-)
RépondreSupprimertu as bien fait !
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