04 juillet 2016

La naissance de ma fille

 

Tout a commencé le 16 février 2016. C'était mon rendez-vous de suivi de grossesse de 36 semaines. Je continuais d'avoir des contractions comme j'avais l'habitude d'en avoir. J'avais simplement mal au dos et au ventre, ce qui n'était pas inhabituel dans mon cas.

Tout semblait beau. Mes plaintes semblaient normales. Bébé avait la tête en bas et son cœur battait à 165. J'ai sursauté.

- 165? Je ne crois pas que ce soit normal, j'ai lu que le rythme cardiaque diminuait vers la fin de la grossesse. Je sais que je ne suis qu'à 36 semaines, mais quand même...
- Je crois que c'est correct, m'a répondu l'infirmière, mais je vais vérifier pour être certaine.
- Merci.

Après vérification, le cœur d'un bébé à ce stade ne dépasse habituellement pas 160. L'infirmière m'a donc fait une prescription pour un tracé cardiaque en me précisant que ça n'était pas urgent et que c'était pour me rassurer. J'ai demandé à Éric d'aller immédiatement à Saint-François d'Assise qui devait être l'hôpital où je devais accoucher. Pas question qu'il retourne travailler cet après-midi là!

Arrivée à l'hôpital, ils m'ont fait attendre en voyant que mon cas n'était pas urgent et parce que l'urgence obstétricale était bondée ce jour-là. Au bout de quarante-cinq minutes, on me posait deux ceintures, une pour surveiller les contractions et l'autre pour monitorer le cœur du bébé.

- J'entends très bien le cœur de chaque bébé qui m'est confiée, m'a rassurée l'infirmière. S'il y a quoi que ce soit, je viens voir!
 
Cinq minutes plus tard, le rythme rapide et rythmé du cœur de mon bébé diminuait. L'infirmière est venue me voir rapidement.
 
- Tu as eu une contraction, l'as-tu sentie?
- Non...

Au bout de dix minutes, j'en avais une autre et le cœur du bébé redescendait. L'infirmière a jugé bon d'avertir l'urgence obstétricale : mon cas semblait nécessiter l'avis d'un médecin. Ce dernier m'a rassurée en disant que c'était probablement le cordon qui subissait de légères pressions lorsque j'avais des contractions. Je ne les sentais toujours pas... Mais elles étaient aux 10 minutes. J'étais stressée, aussi le médecin m'a rassurée :

- Ton cas ne m'inquiète pas, le cœur de ton bébé bat juste un peu plus rapidement et a de légères décélérations. Ça devrait se replacer... Nous allons essayer d'arrêter les contractions en t'hydratant avec un soluté.
 
J'ai été déplacée à l'urgence où on continuait de surveiller mes contractions et le rythme cardiaque de notre fille. Au bout d'une heure, le médecin est venu me voir et m'a avoué que la santé du bébé était inquiétante. Son cœur battait trop vite. Il fallait une échographie.

À l'échographie on m'a expliqué qu'on surveillait 4 signes vitaux chez les bébés de cet âge et que le résultat était sur 8. Emma ne bougeait pas et n'avait aucun mouvement respiratoire non plus. Son résultat était de 4 sur 8. De plus, sa chambre cardiaque à droite était dilatée. Le cœur compensait peut-être, selon le médecin. Quoi qu'il en soit, il y avait un problème et je devais être transférée au CHUL le plus rapidement possible. Selon le médecin, un accouchement par voie basse était peu probable, mon bébé serait trop épuisé à ce rythme.

L'ambulance a foncé à travers la ville. La neige, l'eau, la glace... Ce n'était pas la meilleure journée pour circuler dans les rues de Québec, mais les ambulanciers sont habitués. Nous sommes arrivés au CHUL vers 15 h 30. À 16 h, je passais une autre échographie où les médecins se firent rassurants. Emma n'avait toujours aucun mouvement respiratoire, mais elle avait légèrement bougé un pied. Elle se méritait un score de 6 sur 8 cette fois! Par contre, il faudrait une échographie cardiaque le lendemain pour savoir si une césarienne s'imposait et si des spécialistes tels que des cardiologues devaient être présents.

Le soir, on m'injectait un antibiotique. Je commençais à sentir mes contractions, cette fois aux 5 minutes. J'avais chaud, j'étais rouge, je ne me sentais pas bien. J'ai fait une réaction allergique à l'antibiotique injecté. Je ne comprenais pas pourquoi on m'en injectait un de toute façon, je ne pourrais pas accoucher par voie basse, c'était utopique. Le travail n'avançait pas malgré mes contractions plus douloureuses et de plus en plus rapprochées. Finalement, on ne m'a pas redonné de deuxième dose et on a dû me donner des comprimés pour stopper la réaction allergique.

Le 17 février 2016 …

Le matin, j'étais enflée, mais je n'étais plus rouge et je n'avais plus aussi chaud. Le rythme cardiaque du bébé avait chuté à 100 lors d'une contraction, par conséquent, on ne pouvait pas me retourner à la maison. J'étais tannée qu'on veuille absolument me faire accoucher par voie basse alors que c'était évident que ça n'allait pas. L'échographie cardiaque a eu lieu vers 11 h. Elle a été longue et pénible (plus d'une heure, j'ai l'impression!).

La cardiologue nous annonça ses deux suppositions :

  1. Les veines pulmonaires avaient un problème, ce qui expliquait la dilatation de la chambre cardiaque. La solution était une chirurgie à cœur ouvert.
  2. L'aorte pouvait être à problème et il faudrait la garder ouverte à l'aide d'un tube. Cette opération nécessitait un suivi, mais avait de bonnes chances de réussites.

J'étais en fauteuil roulant, dans le corridor, Éric près de moi et je me suis mise à pleurer. Ça m'avait pris cinq ans à concevoir ce bébé, je ne voulais pas le perdre!

Arrivée dans la chambre, un dîner froid m'attendait. L'infirmière responsable de la salle d'accouchement dans laquelle je me trouvais voulait me rebrancher immédiatement. J'étais déprimée, frustrée, en larmes. Je lui ai dit de me laisser tranquille.

Éric a appelé mes parents pour moi en leur disant que nous avions besoin de soutien, puis il a décidé de rentrer à la maison pour chercher des vêtements, nourrir les chats, se laver et enfin avertir son travail qu'il ne pouvait pas rentrer...

Pendant son absence, le médecin de garde est venue me voir et pendant qu'elle me répétait que je ne pouvais pas partir tant que le rythme cardiaque du bébé diminuait dangereusement à chaque contraction, j'ai eu une autre contraction. Cette fois-ci, le cœur du bébé était à 60.

- On n'a pas le choix, il faut sortir ton bébé. Acceptes-tu la césarienne?
- Tout pour sauver mon bébé.
- Où est ton conjoint?
- Il est parti à la maison il y a 45 minutes...
- Appelle-le, je rassemble l'équipe nécessaire et j'appelle l'équipe de néonat. Ne t'inquiète pas, tout ira bien.
À 15 h 09, j'appelais Éric.

Cinq minutes plus tard, on m'emmenait en civière jusqu'au bloc opératoire. Pendant qu'on me déshabillait et qu'on m'injectait l’anesthésiant, on prit une dernière mesure du cœur de bébé. Elle était toujours vivante, on pouvait commencer!

Je ne vous raconte pas le déroulement de la césarienne, car tout est flou. Je me souviens seulement que j'étais nerveuse et je déblatérais sans arrêt. J'avais mal au cœur. Mon dîner semblait sur le point de sortir... Mais à 15 h 37, bébé était née.

Par-dessus le drap bleu parsemé de taches de sang, j'ai vu le visage de ma fille qui avait déjà émis son premier cri. Elle était vivante! Toute l'équipe s'esclaffa lorsque j'ai crié émue, parce que je la trouvais trop belle, parce que c'était un miracle et parce que je n'y croyais plus :

- C'est mon bébé! Oh mon dieu, c'est mon bébé à moi!!?

Éric est arrivé 5 minutes plus tard. Je lui ai dit d'aller voir notre fille et de la suivre aux soins intensifs, car je ne pouvais pas y aller.

Les heures qui ont suivies ont été longues et éprouvantes, car nous n'avions pas Emma avec nous dans la chambre. Elle avait des examens à subir et était sous surveillance aux soins intermédiaires. Quarante-huit heures plus tard, Bébé était avec nous, dans notre chambre et nous empêchait de dormir en pleurant. Les examens s'étaient révélés négatifs. C'était le début de la grande aventure!:) 


P.S.  Nous avons su après coup que Bébé avait le cordon très serré autour du cou, d'où les décélérations cardiaques. Comme quoi, en cas de doute, mieux vaut vérifier!!

2 commentaires:

  1. Je suis super content qu'on ait eu notre bébé. J'aurais voulu être là à l'accouchement, mais j'ai préféré conduire prudemment. :-)

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